Père Alexandre Schemann

  1. Vie du Père Alexandre Schemann
  2. Pensée
  3. Principales oeuvres
  4. Ressources en ligne

Vie du Père Alexandre Schemann

Officier dans l’armée blanche durant la Révolution russe, le père d’Alexandre Schmemann est contraint de gagner Talinn, en Estonie, après la défaite de son armée face aux Bolcheviques. C’est là que sa femme met au monde des jumeaux, Alexandre et André, le 13 mai 1921. Leur sœur aînée Elena mourra à l’âge de sept ans. Les enfants sont élevés par leur mère dans une foi authentique et fervente.

Après un bref passage à Belgrade, la famille Schmemann, comme la plupart des émigrés russes, gagne Paris en 1930. Alexandre y étudie au Corps des Cadets, une école militaire russe, puis au lycée Carnot, tout en fréquentant la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky où il est enfant de chœur. Après avoir obtenu son baccalauréat, il s’inscrit en 1940 à l’Institut Saint-Serge pour y étudier la théologie, avec pour professeurs Cyprien Kern et Nicolas Afanassiev. Il rencontre une jeune étudiante en lettres, Juliana Ossorguine, elle-même descendante d’émigrés russes, qu’il épouse le 31 janvier 1943. Le couple aura trois enfants.

Le 30 novembre 1945, Alexandre est ordonné prêtre à l’âge de 23 ans, par Mgr Vladimir Tikhonitsky. Il dessert alors la petite paroisse de Clamart, tout en étant actif au sein de l’Action Chrétienne des Étudiants Russes. Le père Alexandre enseigne l’histoire de l’Église à l’Institut Saint-Serge, jusqu’à ce que le père Georges Florovksy, alors doyen du séminaire Saint-Vladimir à New-York, l’invite à venir enseigner dans son établissement. La famille Schmemann s’installe donc aux États-Unis en 1951. Malgré une vie matérielle précaire, le père Alexandre découvre au séminaire Saint-Vladimir une liberté et une ouverture qui va lui permettre d’épanouir sa propre pensée. En juillet 1959, il soutient sa thèse à l’Institut Saint-Serge, sur le thème de « L’ordo de l’Église : introduction à la théologie liturgie ». Outre l’histoire de l’Église, la liturgie devient sa matière de prédilection.

Lors du déménagement du séminaire Saint-Vladimir de New-York à Crestwood, en 1962, le père Alexandre est nommé doyen de l’établissement, ce qu’il restera jusqu’à sa mort. Sous sa direction, le séminaire se développe pour connaître un rayonnement mondial. C’est pour le père Alexandre une période de grande fécondité : il écrit de nombreux livres, enseigne dans diverses universités américaines. Pendant plus de trente ans, il donne des émissions religieuses sur Radio Liberty, écoutée jusqu’en URSS, ce qui contribue à sa notoriété comme prédicateur. L’un de ses auditeurs est Soljenitsyne qui, une fois émigré en Occident, deviendra son ami.

Le père Alexandre garde des liens forts avec la France où il revient régulièrement. Il est élu vice-président de l’ACER en 1963, puis président en 1981. En 1962-63, il se rend à Rome comme observateur au concile Vatican II. Il est également l’un des principaux bâtisseurs de l’église orthodoxe autocéphale d’Amérique, qui voit le jour en 1970 sous le nom d’OCA (Orthodox Church of America).

En 1982, le père Alexandre est atteint d’un cancer. Il décède un an plus tard, le 13 décembre 1983.

Pensée

Considéré comme l’un des théologiens majeurs du XXe siècle, le père Alexandre Schmemann est à la fois un penseur et un pasteur qui a su adapter les acquis de la théologie aux réalités de notre époque. Enseignant et prédicateur inspiré, il a transmis à un large public ses intuitions théologiques. Sa contribution la plus essentielle appartient au domaine de la liturgie. Le Père Alexandre s’est attaché à montrer combien nos rites liturgiques – par exemple le cycle du grand carême ou encore la liturgie eucharistique elle-même – sont appelés à être une participation présente à la plénitude du Royaume de Dieu, pour peu qu’ils soient profondément compris et vécus.

Le père Alexandre éclaire ainsi le sens de la Tradition pour en proposer une actualisation vivante. Une façon nouvelle de célébrer - prières eucharistiques à haute voix comme expression de la concélébration de toute l’assemblée, liturgie des présanctifiés célébrée le soir et non plus le matin, selon la théologie de la liturgie du temps qu’il a développée, etc. - découle de cette approche, qui, si elle a pu être considérée comme une réforme, constitue en fait une redécouverte de la véritable dimension de la liturgie. Selon Schmemann, néanmoins, il ne suffit pas de changer des pratiques, mais avant tout d’adopter un état d’esprit ecclésial de la célébration.

Dans son approche théologique, Schmemann se montre un continuateur fécond de l’esprit originel de l’ACER qui a pour but d’ecclésialiser la vie, c’est-à-dire d’en relier tous les aspects à la présence divine au cœur du monde. Le Journal de Schmemann, rédigé dans les dernières années de sa vie, témoigne de cette vision du théologien s’efforçant de sanctifier les moindres aspects de son existence.

Principales oeuvres

  • Le Grand Carême, SO n° 13, Abbaye de Bellefontaine, 1974.
  • Pour la vie du monde, Desclée, Paris, 1969, rééd. Presses Saint-Serge 2007.
  • L’eucharistie, sacrement du Royaume, Paris, Ymca-Press, 1985.
  • D’eau et d’Esprit, DDB, Paris, 1987.
  • Vous tous qui avez soif, Paris, Ymca-Press/FX de Guibert, 2005.
  • Journal 1973-1983, Syrtes, Paris, 2009.

Ressources en ligne

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